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Parole de vie
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16 février 2009

SAMARITAIN

LE SAMARITAIN ou Qui est le vrai prochain ? Lecture : Luc 10 : 25-37 Introduction : Jésus a quitté la Galilée et il se trouve maintenant en Judée, certainement non loin de Jérusalem car le récit suivant nous le montre entrant dans le petit village de Marthe et Marie, Béthanie. Juste avant, Jésus a envoyé en mission 70 disciples qui reviennent, témoignant leur enthousiasme de la puissance de Dieu. Ils disent : « Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom ». (Luc 10 :17) Jésus recadre leur joie en répondant : « Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». (Luc 10 :20) Cette remarque nous permet peut-être de mieux comprendre le texte à propos du Samaritain, car la première question posée par le légiste concerne la vie éternelle. Ce spécialiste des questions de la loi était-il présent quand les 70 ont fait leur rapport ? C’est fort possible car le texte commence par cette phrase : « Un légiste se leva et lui dit... » (V.25) Quoiqu’il en soit, les deux questions posées par ce légiste, spécialiste de l’enseignement de la loi de Moïse sont : - Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? - Qui est mon prochain ? Ils se trouvent que ces questions sont toujours d’actualité. Elles ne préoccupent pas seulement les chrétiens ; tous les humains y sont un jour ou l’autre confrontés. Regardons donc de plus prêt ce texte passionnant. Développement : La question du spécialiste, qui est familièrement appelé docteur de la loi, est là pour éprouver la réponse du Maître. C’est un peu comme si l’élève voulait corriger le maître ! Le Seigneur n’esquive pas pour autant, il n’élude pas, non plus, l’importante question. Il renvoie simplement ce connaisseur à sa connaissance. La méthode de Dieu face à nos prétentions toutes humaines n’a guère varié ! C’est donc le Christ qui vérifie maintenant le savoir du légiste ; il le renvoie au contenu des rouleaux de la loi. « Qu’y lis-tu ? »... « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même ». Bonne réponse lui dit Jésus et il ajoute : « Fais cela et tu vivras ». La première grande question sur la vie éternelle trouve là sa vraie réponse. Apparemment notre légiste veut aller plus loin. Il veut se justifier dit le texte. Pourquoi ? Se sent-il complexé face à Jésus ? Sent-il son autorité remise en question ? Ou peut-être est-il jaloux ou choqué de la joie des 70 disciples ? L’envoi de ces disciples vers tous les habitants des villages lui pose peut-être problème ? N’a-t-il pas appris que les messages de Dieu ne peuvent être envoyés qu’aux descendants d’Abraham, Isaac et Jacob ? C’est peut-être pour lui l’occasion de montrer sa différence avec Jésus sur la définition de son prochain ? C’est peut-être pour cela qu’il pose sa deuxième question : « Et qui est mon prochain ? » La surprise va être total pour lui, comme elle risque de l’être pour nous En effet, Jésus répond en utilisant le langage qu’il affectionne : Celui de la parabole. C’est un langage pratique, illustré et direct. - Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho quand il fut attaqué, frappé, dépouillé, laissé à moitié mort. On parle de descente car il y a entre Jérusalem (+ 700m environ) et Jéricho (-200m environ sous le niveau de la mer), un dénivelé de près de 1000m sur 35 Km seulement. La route déserte, entourée de montagnes est propice aux attaques de brigands, et c’est la seule grande route directe pour avoir accès à la vallée du jourdain. Le texte dit : « un homme ». C’est un anonyme, on ne connaît pas son identité. Puis 3 hommes passent : - un prêtre – un lévite- un samaritain. Les deux premiers passent outre, ils le voient mais l’ignorent ; le dernier, un samaritain est ému dans son être et lui porte secours,lui donne les premiers soins d’urgence, l’amène à l’hôpital de l’époque et paie les frais d’hospitalisation. Alors Jésus pose la question intéressante : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? » Dans cette parabole le prochain n’est pas celui qui est tombé et qui est là à moitié mort, c’est celui qui vient le secourir. Autrement dit le prochain n’est pas le bénéficiaire mais le donnant. Avant de revenir sur cette donnée capitale qui oriente toute la compréhension de cette parabole, essayons de comprendre l’attitude de chacun d’entre eux. Le prêtre et le lévite appartiennent tous les deux à la classe religieuse. Tous deux étaient attachés au service du sanctuaire, puis du temple plus tard. Le premier officiait dans le parvis et le lieu saint du sanctuaire, le second s’occupait de tout ce qui concerne les services dans le sanctuaire. Ils devaient observer scrupuleusement les ordonnances divines. Or, il est clair qu’ils ne devaient pas être en contact avec un mort excepté pour leurs proches parents. (Lévitique 5 :3, 21 :1) Quiconque était en contact avec un mort était considéré comme souillé, impur ; à fortiori les officiants du temple ! (Nombres 5 :2 ; 6 :6 ; 19 :11 ; Ezéchiel 44 :25) Le prêtre et le lévite n’ont fait que respecter la loi. Ils étaient dans la stricte obéissance. Partant de là, cela devenait difficile pour eux, de s’assurer de la mort réelle de l’agressé. D’ailleurs, le Christ ne blâme ni l’un ni l’autre. Si nous pouvions faire de même dans des circonstances similaires ce serait déjà beaucoup ! Admettre que chacun a fait de son mieux, même si on n’a pas la même lecture des faits, c’est déjà respecter son prochain. Toutefois, ce que nous pouvons dire, au moins à la vue de la conclusion de cette parabole et surtout du lien évident qui existe entre la première et la deuxième question, c’est que nos deux officiants ont fait un choix : Celui de la stricte obéissance à loi au détriment de l’esprit de cette loi. Autrement dit ils se sont écartés pour ne pas avoir à choisir entre l’amour et la loi. Ils n’ont pas pris de risque, ils ont assurés comme on dit aujourd’hui... Ils se sont retranchés derrière une application de la loi, qui dans ce cas était dépassée, voire non avenue. Ils se sont protégés au lieu de protéger. Retranchés derrière une institution, ils ont refusés un choix personnel engageant et responsable. Ce faisant, ils ont trahis l’esprit de la loi. Rappelons que celle-ci est toujours bienfaisante et protectrice pour l’humain. Si donc au nom de cette loi, nous avons un comportement contraire à l’esprit d’ amour qui l’a fait naître, nous nous dévoyons de cette loi, nous devenons hors la loi. C’est tellement vrai qu’aujourd’hui, nos deux religieux, d’après les lois humaines, seraient passibles d’une condamnation de non assistance à personne en danger. Voyons maintenant le samaritain : Il fait exactement ce qu’il fallait... Pourtant pour notre légiste il a une attitude scandaleuse, et il est loin d’être une référence. N’oublions que les juifs considéraient les samaritains comme des païens. Il ne fallait pas avoir de contact avec eux sinon on était souillé et impur, comme vis-à-vis d’un mort. (cf. Actes 10 : 28) Le christ n’avait-il pas dit aux douze apôtres : « N’allez pas vers les païens et n’entrez pas dans les villes des samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ». Matthieu 10 : 5,6 Que Jésus présente ce samaritain comme un exemple, un modèle à imiter est révolutionnaire. C’est du même coup, certainement insupportable pour notre homme de loi. Pour lui il y a un problème d’application de cette loi ! Autre aspect révolutionnaire, le samaritain dont on ne connaît pas le nom, n’attend rien en retour. Il accomplit des gestes gratuits tout en payant de sa personne et de sa poche ! Pour lui, c’est tout simplement normal ! Son comportement n’a rien de spectaculaire, mais il est précis : - il désinfecte les plaies avec du vin et les bande, il le masse avec de l’huile et le conduit dans une auberge ou il paie d’avance les services. Ce samaritain est le prochain qu’il faut aimer ! C’est une parole révolutionnaire et scandaleuse pour notre légiste ! Elle est contraire à tout l’enseignement qu’il a reçu ! Qui est mon prochain ? Dans cette parabole, il est clair que c’est le samaritain, celui qui a porté secours et non pas celui qui l’a reçu. Même si d’ordinaire nous pensons que notre prochain est notre proche d’abord, puis quiconque ensuite, cette parabole nous présente un sens différent de notre compréhension du mot prochain. La question est de savoir pourquoi le Seigneur veut nous conduire sur cette piste ? Quelle grande leçon nous réserve-t-elle ? Dans cette parabole, redisons le, c’est celui ou celle qui nous a porté secours qu’il faut aimer. C’est lui ou elle notre prochain. Dans notre parcours de vie, nous mettons plus l’accent, en général, sur ce que nous faisons aux autres que sur ce que nous recevons d’eux. Notre démarche est de plus, peut-être même inconsciemment, intéressée. Ne disons nous pas souvent à nos proches et amis : « Après tout ce que j’ai fait pour toi, quand je pense à tous ces sacrifices que j’ai fait pour toi...Je t’avais fait complètement confiance et voilà le remerciement...etc. » Si nous attendons un retour à nos actes d’amour, nous faisons peser une exigence sur celui ou celle que nous avons aimé ou aimons. C’est dire que nous aimons mal ! Le samaritain a agi sans attendre une suite, un retour, une marque de reconnaissance. C’est vers cet amour que nous dirige le Christ. (cf. Luc 6 :32) Voilà ! Assurément pourquoi, le Seigneur veut nous conduire dans une compréhension différente de la notion du prochain. Ainsi notre prochain pour suivre la logique de la parabole est celui ou celle qui nous a soutenu quand nous étions chancelants, celui ou celle sans qui nous aurions eu du mal à poursuivre notre chemin, celui ou celle qui est arrivé dans notre vie au moment où on allait sombré, ou tout allait mal, et qui nous a remis sur le chemin de l’espérance. En fait, le Seigneur veut nous faire saisir à travers cette parabole que notre prochain est celui ou celle qui nous a complété au moment de nos solitudes, qui nous a relevé au moment de nos détresses, qui nous a redonné les forces quand il nous fallait reprendre la route. Tous ceux qui, anonymes ou pas, mais de façon désintéressée, nous ont relayé dans la responsabilité de pouvoir assumer notre quotidien, jusqu’au rétablissement de nos forces physiques, morales et spirituelles, et nous ont laissé libre d’aller notre chemin, tous ceux-là sont notre prochain. La référence à ce samaritain est, et demeure, ce nouvel évangile qui laisse l’autre libre de son devenir après lui avoir porté assistance. Le vrai prochain est celui ou celle qui sait se retirer sur la pointe des pieds pour nous laisser poursuivre notre chemin. Voilà l’acte révolutionnaire posé par le Seigneur devant un légiste qui devait être sûr de sa bonne définition du prochain ! Cette parabole nous invite à ne jamais oublier ceux ou celles que Dieu a placé sur notre chemin. Nous devons les aimer. Ce commandement est aussi important que celui d’aimer Dieu. En fait, si ils sont placés sur un même niveau d’exigence, c’est qu’ils ont la même source : Dieu. En effet le sommet de cet enseignement est d’aimer celui ou celle qui a été notre proche lorsque nous étions à terre, sans que ce soit perçu comme une démarche extraordinaire. Notre samaritain a poursuivi sa route après avoir agi normalement, comme un humain solidaire d’un autre humain. Faire le bien simplement sans en tirer mérite ou vanité, c’est cela le nouvel évangile du Christ, la nouvelle application de la loi. Si le samaritain est ému, touché dans son cœur, n’est-ce pas aussi parce qu’il se reconnaît en l’autre son frère. Il s’est identifié à l’homme blessé et dépouillé ! Voir l’autre comme son miroir et se reconnaître en lui, c’est ainsi que le commandement est présenté : « tu aimeras ton prochain COMME toi-même ». La révolution est dans le sens nouveau que le Seigneur a donné à la loi. Le Christ nous éclaire sur le regard différent qu’il nous faut porter sur nous-même et sur les autres. Déjà tout à l’heure dans le contexte de ce récit, nous avons vu Jésus mettre l’accent, non sur ce que les disciples faisaient (cf. soumission des démons), mais sur ce que Dieu a fait : les inscrire au royaume des cieux. Cette parabole nous invite à un déplacement... Au lieu d’être centré sur nous-même et sur ce que nous faisons pour les autres, apprenons à discerner ce que Dieu fait pour nous, au travers de tous ces samaritains qu’il a placé sur notre chemin. Sans eux, nous serions peut-être morts ! La grande vérité de cette parabole consiste à nous faire prendre conscience, que derrière ce samaritain qu’il faut aimer, c’est Dieu lui-même que l’on rencontre. Ainsi tout devient cohérent et nous comprenons mieux pourquoi nous devons aimer Dieu et notre prochain comme nous-même. Tout se rejoint dans l’amour et comme Dieu est Amour tout se rejoint en Lui. Conclusion : Si d’ordinaire et plus généralement, la notion du prochain, concerne tous ceux et celles vers qui nous devons aller pour leur faire du bien, ici dans cette parabole nous avons une définition autre et plus fine de ce prochain. Ce n’est plus celui ou celle vers qui nous allons, mais le contraire. L’accent est mis sur ceux et celles qui sont venus vers nous, à des moments précis, comme des envoyés de Dieu. Cette nouvelle précision de la notion du prochain, nous permet d’être plus attentifs a tout ce que nous avons reçu des autres, anonymes ou pas, proches ou pas. Faire l’inventaire des ces bienfaits, y voir des gestes d’amour impulsés directement ou indirectement par Dieu, nous pousse à faire de même. Cela nourrit le désir ! En partant des autres, je sors de mon petit ego, souvent très satisfait de lui-même, comme notre légiste, et je prends conscience de l’importance de ceux ou celles que Dieu a mis sur mon chemin, quand il le fallait. Le vrai prochain devient alors, celui ou celle qui me croise et s’arrête quand las je ne puis plus avancer.., quand blessé je suis laissé gisant, si non physiquement du moins psychiquement.., quand plus simplement, je n’ai plus de force ou d’envie.., quand je ne puis plus assumer mon quotidien et que la vie se dérobe sous mes pieds.., ou quand je me sens très fort, très sûr de moi et que je fais du mal consciemment ou inconsciemment. C’est en tout cas, celui ou celle qui me remet dans l’équilibre de la vie, d’une façon désintéressé, avec de simples gestes d’amour et me replace dans le sens de la marche vers la vie ! L’évangile me demande d’aimer ces personnes autant que Dieu, car c’est Dieu que je rencontre par interposition avec l’humain. Le rencontrer au travers de l’humain quel défi ! De plus, cette perspective que le Seigneur donne au mot prochain dans cette parabole, me conduit inévitablement vers un tracé d’humilité, de reconnaissance et de partage. Il me resitue parfaitement bien dans la dynamique d’un salut gratuit en Jésus-Christ, en me rappelant que je suis avant tout bénéficiaire, plus que donnant ou faisant.
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