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Parole de vie
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30 mai 2009

Pour que le temps ne soit pas que de l’argent Luc

Pour que le temps ne soit pas que de l’argent

Luc 12:13-21

Cette parabole parle de notre monde. Elle évoque un homme “riche”. “Riche” ? c’est à dire ayant les moyens de considérer l’avenir sans inquiétude. Cet homme bénéficie en plus d’une récolte remarquable. Une vraie bénédiction, semble t-il. Que faire ? C’est un businessman ! L’univers économiques c’est sa vie. Il sait faire preuve d’efficacité et décision. Premièrement se entrepôts sont trop petits. Sa vie, c’est sa capacité à investir, à détruire ce qui est trop petit, pour construire du plus grand. C’est très moderne ! Il est même spéculateur : il met la récolte de côté pour la revendre quand la demande sera forte et que les prix grimperont ! Ainsi il assure son avenir. Oui, mais il y a un hic ! Pas plus tard que la nuit suivante, il meurt. D’où l’une des paroles de Jésus : « Même dans l’abondance, la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens ».

Il est ici davantage question de temps que d’argent, ou de rapport au temps plutôt que de rapport à l’argent. Jésus ne parle pas du caractère moral de ce projet, seulement que ce projet n’aboutira pas. Cet homme a oublié qu’il n’était pas maître de ses jours. Il organise sa vie comme si le temps lui obéissait, mais si l’argent lui obéit,le temps ne lui obéit pas.

La vie, c’est d’abord du temps. Vivre, c’est avoir du temps ; se situer dans le temps ; utiliser le temps ; se situer dans le temps. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’être riche pour écouter cette parabole.

Il n’est pas nécessaire d’être businessman pour gagner à s’interroger. Nous avons tous un avenir, du temps, des jours, des mois, des années, des projets.

Nous abordons là une question spirituelle dense.
Qu’est ce qui donne le rythme à notre temps ?
Les vacances ?
La paye ?
La retraite ?
Le prochain épisode du feuilleton ?
Les jeux olympiques ?

Le temps des hommes, le nôtre, est toujours un temps rythmé ? Sous nos climats, ce rythme a été longtemps celui des saisons. Nos grand-parents pensaient leur vie à la mesure des saisons.

La Bible propose un rythme du temps. Ce rythme du temps est de fait un rythme de vie.

Dès le récit de la création, le temps de la Bible est cadencé. “il y a un soir ; il y a un matin”. Dieu crée à son rythme ! Chaque chose en son temps. Les luminaires, lune et soleil, indiqueront les jours, les années mais aussi les fêtes. Le rythme de base du temps de Dieu c’est la semaine. Comme si la semaine était à la mesure de l’homme. Le temps de Dieu est un temps humain, à notre mesure. Le temps de la modernité est effrayant. Il est sans mesure, sans limite, sans repère apaisant. Ce rythme du temps selon Dieu est inscrit au cœur des commandements : « Souviens-toi du sabbat pour en faire un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le 7ème jour, c’est un sabbat pour le Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage... ».

La sabbat, un jour “sacré”. Qu’est-ce que c’est qu’un jour “sacré” ? Le “sacré” c’est ce qui n’est pas “commercialisable”. Ce qui ne peut ni se vendre ni s’acheter. Ce qui ne peut pas être l’objet d’une transaction commerciale. L’homme de la parabole est un être sans univers sacré. Tout est business. Tout est commerce. Tout est activité. C’est là qu’il cherche sa sécurité. Dans son projet son repos sera assuré par son activité !

Notre société non plus n’a plus de sacré. Plus rien n’échappe au commerce. L’expression : « Le temps, c’est de l’argent ! » est très représentative de ce monde. “Travailler plus pour gagner plus” ou “le pouvoir d’achat”. Ce sont des choses importantes, mais la vie est plus grande que cela ; la vie ne se réduit pas à cela. Il est normal que les syndicats s’occupent de ces questions c’est leur fonction. Mais notre mission à nous, Eglise de Jésus Christ, est de montrer que la vie est plus grande que le pouvoir d’achat ou que la richesse.

La société marchande accélère le temps. Elle détruit consciemment les rythmes anciens. Pourquoi ne devrions-nous ne pas faire du commerce le dimanche ? Cela va rapporter, procurer du travail !!! Le dimanche ne serait-il pas un jour comme les autres ?

Notre relation au temps a été profondément transformée par la technologie. Considérez les conséquences de l’invention de la distribution d’électricité. Aux origines l’éclairage avait une fonction de sécurité publique. Aujourd’hui, il faut travailler de nuit pour rentabiliser des machines qui coûtent très chers ! Or, nous voici devenus des esclaves du temps. Le temps s’impose à nous. Alors que tout se fait de plus en plus vite, que nos machines ont un potentiel d’efficacité inimaginable voici 20 ans... nous n’avons plus de temps ! Il est de plus en plus difficile de se retrouver. Notre temps est fragmenté. Les horaires sont anarchiques. Regardez combien il est difficile de passer chez quelqu’un sans avoir averti !

Pendant l’Avent l’Evangile nous a parlé de vigilance. L’Evangile nous a invités à la vigilance. Là, sur cette question du temps ; de la manière dont moi je rythme mon temps, là est certainement un lieu essentiel de vigilance, car nous vivons dans une société qui détruit le rythme humain du temps, pour produire de la richesse. Elle impose son rythme commercial.
Revenons à la parabole, l’homme riche, après avoir détruit et bâtit, se dit : « Quand tu auras fait cela, tu te reposeras, tu te réjouiras ! ».
C’est à dire, pour le moment travaille encore et plus tard, tu jouiras d’un vrai sabbat. Tout le discours du temps commercial est porté par la promesse d’un sabbat mythique qui ne viendra jamais. C’est un registre toujours d’insatisfaction.

L’Evangile invite à vivre autrement ; à penser notre temps au rythme du Salut.
Notre vie est rythmée par la mémoire que nous vivons des événements du Salut, c’est Pâques, qui nous dit que Christ a vaincu la mort ; c’est Noël, qui nous dit que Dieu s’est fait homme ; c’est la Pentecôte,qui nous dit que l’Esprit du Christ nous est donné ; c’est la Cène par laquelle nous faisons ensemble mémoire de la Croix.
Le rythme de notre vie, c’est celui de notre rencontre de Dieu. Notre vie ne repose pas sur la réussite de projets qui feront des envieux. Notre vie repose sur les rencontres auxquels Dieu nous invite.

Galates 6, 10 : « Tant que nous avons du temps, travaillons pour le bien commun, en particulier pour les proches dans la foi »

Le dimanche, c’est le cœur de notre semaine. C’est là un grand enjeux stimulant pour nous. A la manière dont nous vivons ensemble le dimanche ; dont nous nous retrouvons ; dont nous célébrons le culte, à cela, nos enfants percevront que notre vie est différente. Attention ils savent lire nos vies. Ils ressentent la différence entre une obéissance pharisienne et celle qui est marquée de liberté et de la joie de Dieu par l’Esprit.

Nous ne voulons pas que nos enfants ne deviennent pas que des consommateurs obéissants aux rythmes de Mamon. Nous voulons pour nos enfants le bonheur de Dieu ; vivre vraiment avec le Dieu d’amour et de paix, ce Dieu de la Bible qui ne se vend pas et ne s’achète pas ; ce Dieu qui se donne à connaître au plus simple, au plus petit.
Apprenons à vivre au rythme du salut.
Faisons du culte, une fête, une joie.
Ne faisons pas du dimanche ce que les pharisiens avaient fait du sabbat : un jour triste, lourd, ennuyeux.
Vivons nos dimanches comme des jours de grâce !
Que Dieu nous fasse la grâce de vivre ensemble des dimanches de résurrection !

L’expression finale de cette parabole ouvre plusieurs nuances de traduction : NBS : “riche pour Dieu”. TOB : “s’enrichir auprès de Dieu”.
L’idée que développe Jésus est bien celle que la richesse de la vie véritable n’est pas la possession matérielle, mais la connaissance de Dieu qui suppose un rapport au temps différent. S’enrichir auprès de Dieu, c’est s’enrichir de Dieu lui même ! S’enrichir d’un enrichissement qui n’est pas financier, pas monétaire, mais qui est un enrichissement de vie : non pas : plus d’argent, mais plus de vie !

Que notre temps soit tourné vers la vie, vers la rencontre, vers la disponibilité. Avoir du temps pour le partager ; pour le donner, c’est cela être riche de Dieu et cette richesse là se reçoit de Dieu.

Ma vie repose en Toi, Seigneur
Mon futur ne m’appartient pas.
Comme des plans trop humains, tirés sur la comète
Comme des rêves insistants et troublants à la fois
Comme des projets fous dont se rit le destin.
Je tends les mains vers Toi, Seigneur
Je veux crier ma confiance et ma foi _Mes ans sont cachés au creux de Ton mystère

Ma vie repose en toi, Seigneur. (

Que vos vies reposent en l’immense amour de Dieu !
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