23 janvier 2009
Donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour...
Vous devez donc prier de cette façon : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit
sanctifié ; Que ton règne vienne ; Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour...
Comme la corde tendue entre les deux extrémités de l'arc, ainsi le "Notre Père"
manifeste nos vies en tension entre l'attente du Règne de Dieu, et notre vie ici et
maintenant. Après avoir dit : “ que ton règne vienne ”, nous disons maintenant "donne
nous aujourd'hui notre pain de ce jour".
Il est difficile à l'homme moderne de dire : "Donne nous". Malgré les apparences, nous
sommes donc pauvres. C'est donc que, derrière l'apparence de nos activités, tout vient
de Dieu. Que je sois laboureur, boulanger, ingénieur, chercheur, je ne fais qu' utiliser,
transformer, mettre en valeur, le jardin de Dieu.
Heureux, celui qui se sait pauvre.
Si j'attends de Dieu mon pain, c'est donc que ce pain est le pain de Dieu. Or, ce qui
appartient à Dieu, appartient à tous.
Savezvous que le monde produit audelà des besoins du monde, et que cependant des
milliards d'humains n'auront pas de pain aujourd'hui. Les nations continuent à se battre
comme dans les temps où tout était rare. Le commerce cette activité dont le but devrait
être de pourvoir au pain de chaque humain le commerce, nous diton, est une guerre !
Ce pain, nous ne le demandons pas une fois pour toutes. Nous demandons le pain de
Dieu pour aujourd'hui. Ainsi nous gardons chaque jour la conscience que ce pain est le
pain de Dieu.
Notons ce : "nous" et ce : "notre". Ce n'est pas : "donnemoi mon pain". Cette prière est
solidaire. Elle est dans l'Esprit de Jésus. Elle ne peut pas être une prière égoïste.
L'individualisme ne doit pas pourrir notre prière.
Pasteur Richard Gelin ,Méditation de dimanche, 31 octobre 2004
Ce que tu reçois de Dieu sera toujours à partager.
Face à toi qui es Dieu dans les cieux ; devant toi qui est Père des hommes, nous te
demandons pour tous les hommes, le pain d'aujourd'hui !
L'intercession pour les nécessités matérielles est donc légitime. Dieu nous a créés avec
nos besoins de nourriture et de repos. Face à ces besoins, notre confiance est en celui
qui a pourvu à la manne dans le désert, et qui a multiplié le pain pour une foule entière.
Que pouvonsnous demander à Dieu ?
Nous pouvons lui demander tout ce que sincèrement nous désirons partager avec les
autres ; tout ce que nous désirons ques les autres aient autant que nous. Ce pain que
nous demandons à Dieu symbolise notre attente de l'essentiel. En grec, ce que nous
traduisons par "de ce jour" peut aussi se traduire par "essentiel" : "ce dont nous avons
profondément besoin". Tout ce dont tu as vraiment besoin, tu peux avec confiance
l'attendre de Dieu, si tu l'attends pour toi et pour les autres : le pain, la santé, le respect,
la confiance, la sécurité.
Puisque prier le "Notre Père" évoque notre pauvreté, évoque la solidarité et évoque le
partage, c'est donc que le "Notre Père" nous ouvre à une ascèse intelligente.
Je n'évoque pas ici l'ascèse dans le sens de la privation. Se priver n'est pas une vertu.
Paul écrit à Timothée que “tout ce que Dieu a créé est bon, que rien n'est à rejeter
pourvu qu'on le prenne avec action de grâce ”. Prenons garde de ne pas créer de
nouveaux interdits. Cette ascèse indispensable est notre besoin de discernement :
Qu'estce qui est "pain essentiel" ?
Qu'estce qui est pain "superficiel" ?
“ Dans mes besoins, suisje encore un homme libre et même libre de ses joies ? A quel
signe reconnaîtraije, que je ne suis pas devenu esclave de l'esprit consumériste ? ”
Il n'y a pas d'intelligence spirituelle sans ascèse spirituelle ; sans ce discernement
indispensable pour ne pas suivre l'esprit du temps. Mais attention ! Rechercher ce
discernement est toujours au risque de voir notre style de vie en être bouleversé !
Si aujourd'hui nous demandions à Jésus de nous apprendre à prier, sa prière serait
sûrement : “ Notre Père qui es aux cieux, donnenous de toujours partager le pain que
tu nous donnes ”.
Enfin, une dernière perspective : si nous pouvons encore dire cette parole aujourd'hui,
telle qu'elle est, c'est que s'y attache un sens eucharistique. Pour des chrétiens de la
première génération dire, avec Jésus, “ donnenous notre pain de ce jour ” renvoyait
avec une clarté lumineuse à Jésus lui même, le vrai pain de vie.
La culture matérialiste nous a fait perdre cette sensibilité.
Ce que je demande en premier à Dieu, c'est d'être, avec vous, chaque jour nourrit du
pain de Dieu ; que nous soyons nourris par le Corps du Christ : pain rompu pour le
monde ; que nous trouvions en lui la force, l'énergie pour vivre à sa gloire.
Voilà la tension créatrice dans notre vie : tout nous renvoie à la fois à la terre et au ciel ;
au temps et à l'éternité : au visible et à l'invisible.
Bien des fatigues, bien des dépressions spirituelles, bien des découragements
s'enracinent dans le refus de cette tension féconde. Refusant cette tension, nous nous
réfugions soit dans le spiritualisme, soit dans le matérialisme.
Matériellement et spirituellement, découvrons nous comme des pauvres qui avec
confiance espèrent tout de Dieu.
Amen !
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